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gustave dore

Gustave dort

Publié le par Za

ouééééééééééé !

Gustave dort

Mettons de côté mon léger trépignement à l'idée d'un nouvel album d'Albert Lemant.

Ignorons le sourire béat qui m'a gagnée en ouvrant l'enveloppe cartonnée.

Ne prenons pas en compte l'impatience qui était la mienne.

Restons objectifs.

Non, décidément, j'ai du mal à garder mon sang froid.

Car notre cher Poisson soluble a frappé fort en s'associant avec le Musée d'Orsay à l'occasion de l'exposition consacrée à l'immenssissime Gustave Doré.

Car notre cher Poisson soluble a frappé fort en demandant à monsieur Albert Lemant de s'aventurer du côté de Gustave Doré, l'illustrateur en chef, le patron, le tôlier, quoi.

Car notre cher Albert Lemant, loin de rester révérencieux, a bousculé Gustave, lui a associé d'autres références, de quoi nager dans - au choix - la jubilation, le bonheur, le scrutage forcené d'images épatantes.

Quoi ?

Que dis-tu, lecteur chéri ? Je superlativise un brin ? Elle est où la critique ?

Elle arrive, rabat-joie adoré !

Gustave Doré, donc.

Le maître des illustrateurs.

Mais un Gustave Doré enfant, qui roupille comme un bienheureux et qui rêve.

Gustave Doré dort.

Gustave dort.

Et à la porte des songes se bousculent Don Quichotte, des cosaques patibulaires, le Baron de Münschhausen à cheval sur son boulet, un Gargantua à l'estomac insondable, les héros de Perrault, et une poule verte - dont on ne connaitra l'importance qu'à la fin de l'album.

Gustave dort
Gustave dort

Albert Lemant balade un Gustave pointu et dégingandé dans des doubles pages vertigineuses que l'oeil parcourt avant de s'y perdre définitivement, happé par le mouvement, les détails savoureux. J'avoue avoir été partagée entre l'envie de vite tourner la page, avec gourmandise, pour voir ce qui se cache derrière, et le plaisir de flâner, de déguster des références si bien mastiquées. On peut faire l'aller-retour entre les images d'Albert Lemant et l'oeuvre de Gustave Doré. Il y a ce qui va paraître évident à tous, le Chat Botté, Peau d'Ane, planqués au fond d'une forêt tout ce qu'il y a d'inquiétante, un loup las repus de Petit(s) Chaperon(s) rouge(s), les cléfs de Barbe-Bleue, les bottes de sept lieues et l'ogre, nanti de filles croquignolettes... Rappelons au passage qu'Albert Lemant, question ogre, on ne la lui fait pas ! La quatrième de couverture de Gustave dort est d'ailleurs une citation (de bon aloi) de ce précédent et réjouissant album...

 

Gustave dort

Et puis l'album bascule, et, du côté de Londres, d'autres personnages font écho à l'oeuvre de Doré à travers les admirations d'Albert Lemant. Et l'on se prend à rêver de Doré illustrant Lewis Carroll... Et puis, presque à la fin, apparait un griffon. Ce griffon qui répond à un autre, je ne me trompe pas, hein, Capitaine ?

Mais j'y reviendrai...

Gustave dort

Finalement, Gustave finit par se réveiller. De retour dans sa chambre en Alsace, il se jette sur le papier, la plume, au grand désespoir de sa mère.

Le dessin d'Albert Lemant est toujours aussi réjouissant, aussi foisonnant. Chaque page est une mine où dénicher des pépites, une chasse au trésor dans l'oeuvre de Gustave Doré, sans se priver de quelques incursions vers d'autres admirations, d'autres maîtres...

Gustave dort

A mi-chemin entre le conte échevelé et l'album documentaire, Gustave dort est d'un genre inépuisable, à picorer, à savourer...

Et le griffon, me direz-vous ? Eh bien, il regarde du côté d'un autre monument...

Vous l'avez reconnu ?

Gustave dort

Gustave dort

Albert Lemant

L'atelier du poisson soluble

& Musée d'Orsay

Janvier 2014

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moi, peur ?

Publié le par Za

Perraultfrontispice

 

J'aime particulièrement cette gravure de Gustave Doré qui ouvre le recueil des contes de Perrault. Une mère-grand lit tranquillement une histoire à un bataillon de bambins. La mère de famille, ange protecteur parfait et suave, surveille la nichée, sans se douter un instant de ce qui grandit dans l'esprit de ses minuscules...

 

Perraultfrontispice1... la terreur !

Perraultfrontispice3

... l'effroi !

Perraultfrontispice2 
... l'angoisse !

 

Perraultfrontispice4

... même Polichinelle n'a pas l'air à la fête.

Perraultfrontispice 5 

Et puis il y a inévitablement celui qui s'ennuie, l'archétype du pré-ado revenu de tout, même

Gustave Doré connaissais cette engeance...

 

À moins que... Parfois j'imagine que rien de tout cela n'est innocent et que les deux punaises font exprès de terroriser les affreux  qui ont boudé le hachis parmentier à midi... Mais c'est sans doute encore une manifestation de mon mauvais esprit...

 

Et tant qu'on en est aux choses affreuses et à Gustave Doré, et quitte à me répéter un brin, que dites-vous de ça ?

ogre1.jpg

Le petit Poucet, 1867

2112

et l'indispensable Yark,

illustration de Laurent Gapaillard, 2011

 

Je ne saurais trop vous conseiller de revoir les contes de Perrault à travers le regard de Gustave Doré. Son Petit Chaperon rouge est glaçant de sobriété, le regard de Barbe-Bleue hantera vos cauchemars, quant au Petit Poucet, chef d'oeuvre d'angoisse crépusculaire, je pense qu'il n'est pas pour rien dans mon aversion pour les promenades en forêt...

 

f10.highres2.jpg

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