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au pays des livres

Publié le par Za

Avant tout, merci à Mirontaine pour cette trouvaille:

 

"Des bibliothèques pleines de fantômes", Jacques Bonnet, Éditions Denoël, 2008

 

La photo de couverture, un miroir reflétant une bibliothèque un peu poussiéreuse, me renvoie à un Wonderland oppressant de livres.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51icjUuAadL._SS500_.jpg

 

La quatrième de couverture présente cet essai comme un "traité sur l'art de vivre avec trop de livres". Je me suis donc immédiatement procuré l'ouvrage (un de plus !), persuadée d'y trouver des réponses, ou pire, d'autres questions sur ce vice délicieux qu'est la possession de livres. Et d'abord, je me suis trouvée soulagée et plus légère de n'être qu'une toute petite joueuse, face à des lecteurs comme Jacques Bonnet et ses dizaines de milliers d'ouvrages. Dans ses "bibliothèques pleines de fantômes", il nous propose  la palette des amoureux des livres. Bibliophiles, collectionneurs, lecteurs impénitents ...

 

Le texte s'ouvre sur un hommage au saint martyr de la cause sacrée des bibliophiles: Charles-Valentin Alkan, dont la légende veut  qu'il ait péri enseveli sous une avalanche de livres, provoquée par l'écroulement de sa bibliothèque... Chaque chapitre est accompagné d'une citation. La plus savoureuse, à mon goût est de Jacques Laurent: "C'est chez Alexandre Dumas que j'ai mangé mes meilleures omelettes au lard." 

 

Dans un excellent chapitre intitulé "Personnages réels et personnages fictifs", Jacques Bonnet nous montre comment les héros de fiction sont pour lui plus réels, plus vivant que leurs auteurs. Un bémol, cependant:

"Nulle part, il n'est précisé dans Moby Dick quelle est la jambe du capitaine Achab qui est en bois, suite à son combat avec la baleine (ignorance, fait remarquer Umberto Eco, que n'a pu respecter Huston qui dut se décider pour l'une plutôt que pour l'autre lorsqu'il s'est agi d'appareiller Gregory Peck). Melville ne nous l'ayant pas dit, nous ne le saurons jamais."       Depuis le temps qu'il faut que j'y aille  voir ...

 

Croisée dans cet ouvrage, et qui me touche infiniment,  l'idée que l'on peut offrir certains livres "comme une partie importante de soi-même". Mais ce texte est avant tout le reflet d'une vie par et pour les livres, biens si précieux et si fragiles, portes ouvertes sur le monde, sur toutes les époques, y compris à venir, sur des mondes infinis et sans frontières...

 

Alors forcément, après une telle lecture, on regarde d'un autre oeil les quelques planches en face du lit, supportant certains de nos volumes adorés. Il y a peu, dans un moment d'agacement (que c'est lourd, une caisse de livres), j'avoue avoir commencé à les trouver envahissants, insupportables, trop nombreux...

 

Pourtant...

... emballer, déballer des livres, les déménager...

... les conserver dans des cartons le temps d'interminables travaux et, ce faisant, en acheter d'autres...

... se retrouver avec des étagères pleines à craquer, plus de mur disponible qu'on ait envie d'y consacrer, et encore des cartons, des cartons...

... se raisonner, mais non, tant pis...

 

Pourtant...

... retrouver des livres qu'on avait perdu de vue depuis des années et les feuilleter à nouveau avec gourmandise...

... créer une P.A.R (pile à relire), à côté de la P.A.L (pile à lire)...

 

IMGP1469.JPG

 

... agencer très savamment un rayon noir, très noir...

 

IMGP1467.JPG

 

... et, pour l'instant, entasser comme on peut, sans classement aucun, en pensant que c'est déjà un genre de classement...

 

Pourtant...

... décider de faire un peu de vide: les livres dont on n'a gardé aucun souvenir, ceux qu'on n'a pas aimés, ceux dont on peut se passer, ceux qu'on pense ne jamais relire... Ceux-là finissent dans un carton, proposés à la bibliothèque d'un village proche, au Secours Populaire, à qui les veut.

 

Parce que non, décidément, je n'arrêterai pas d'avoir des livres, alors, il faudra bien faire de la place.

 

Surtout que la relève est assurée... Les dernières acquisitions petitounesques datent de la semaine dernière, librairie jeunesse du Louvre. Il faisait tellement beau, l'air était tellement doux, l'humeur générale était si printanière, que bon, voilà...

 

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Sans commentaire, la qualité de cette collection parle d'elle-même.

Souvenir d'une visite qui a enchanté Petitou.

 

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De Caroline Desnoëttes et Isabelle Hartmann, édité par la RMN. Une splendeur: page de gauche, une photo prolongée par le dessin, page de droite, une oeuvre du pays évoqué (Mali, Burkina Faso, Afrique du Sud...) & une belle histoire.

 

memorimagier.jpg

 

Livre et jeu, tout en un, une belle édition, que demander de plus ?

 

 

Pour terminer, j'ai remis la main sur une carte achetée il y a longtemps.

 

 

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  Le dessin est signé Lisa Swerling & Ralph Lazar.

Publié dans essais, Jacques Bonnet, Denoël

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magasin zinzin, 1995

Publié le par Za

Voici un livre que j'aime infiniment et que je considère comme un classique. Je viens de le croiser simultanément au détour d'un manuel scolaire et au coin d'une étagère de ma bibliothèque.  Celui-là n'est jamais couvert de poussière car feuilleté régulièrement, relu, consulté, caressé, reniflé.

 

À ce propos, je ne sais pas vous, mais je garde le souvenir des odeurs des livres autant que des textes. Réouvrant un livre d'enfance, d'adolescence, je retrouve toujours son parfum, intact: Un bon petit diable, cette version abrégée d'Oliver Twist, mes Fantômette, les volumes blancs des Contes et légendes, l'édition de poche de Spartacus... Ces parfums de papier et d'encre mélangés me renvoient illico au quatrième étage du 4 place Cassaignol, Narbonne, sur une terrasse surplombant une volée de tuiles, à l'ombre de draps fraîchement étendus, refuge idéal pour passer l'été à lire...

 

Où en étais-je... oui, ce magasin étrange, ce magasin zinizin, sous-titré Aux merveilles d'Alys, visez un peu l'allusion...

Ce beau texte/prétexte est une liste d'objets merveilleux proposés par le colporteur Frédéric Tic Tic à Alys, "marchande d'un magasin extraordinaire". Sur de belles pages d'un épais papier blanc cassé, c'est une liste de "merveilleuses merveilles" et autres "folies douces", une "collection de collections" féériques et oniriques. Cinquante-neuf pages incroyables de délicatesse et de poésie, où les mots croisent montages photos, gravures et dessins, tous signés Frédéric Clément.

 

Lorsque ce livre est sorti, j'avais succombé à sa couverture, au petit ange aux ailes de graines d'érable, aux queues de cerises nouées dans les coins.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/511VCJCAREL._SS500_.jpg

 

En parcourir les lignes, c'est explorer une caverne d'Ali Baba aux infinies richesses: "un oeuf de chapeau volage", "un dé à découdre", "des ouragans goulus de goélands", "des graines de carosse", et surtout, "les inestimables fleurs de girafe"... Entre ces pages, on croise Nemo, Blanche-Neige, le petit Poucet, Alice, bien sûr, Merlin l'enchanteur, Polichinelle, la Joconde...

 

 

J'aimerais vous faire bénéficier

d'un autre trésor d'Afrique:

Les inestimables fleurs de girafes.

Voyez-vous,

Mademoiselle,

le dernier soir d'orage de la

saison des pluies, les girafes

se déploient, étirent leur long

cou vers les derniers nuages

et les savourent

comme des

barbe à papa.

C'est à ce moment que

les girafes fleurissent,

l'espace d'un éclair.

Imaginez quel spectacle enchanteur

que la course folle des girafes en fleurs.

Fermez les yeux, imaginez

un peu..."

 

 

Pour savoir à quoi ressemblent ces girafes, c'est page 49, allez-y, et vous me direz des nouvelles de ce beau voyage...

Le magasin zinzin de Frédéric Clément est toujours disponible aux éditions Ipomée-Albin Michel. Pour se faire une idée des multiples talents de cet auteur illustrateur, c'est ici.

 

 

 


 

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Alice the movie, Alice the book

Publié le par Za

Alice, the movie...

Mouais...

 

Pas déçue des décors, non. Les forêts tarabiscotées de Tim Burton sont bien là et l'arbre de Sleepy Hollow nous fait de l'oeil. Les fleurs, les champignons sont tels que je les attendais: hallucinogènes, rien qu'à les regarder.Jusque là, tout va bien.

Pas déçue des costumes, des couleurs, non plus. Une explosion psychédélique, violette, orange, rouge, juste comme j'en rêvais.

Pas déçue de Johnny Depp (comment serait-ce possible ?) - parfait jusqu'à l'hommage rendu à sa merveilleuse moitié (les dents du chapelier fou, son sourire).

 

 

chapelier.jpg

 

 

La tête d'Helena Bonham-Carter est parfaitement effrayante et grotesque, Anne Hataway est une reine blanche aussi exaspérante que son pendant inverse, la reine de coeur. Le lapin blanc est tout mignon comme il faut, la chenille et le chat du Cheshire, épatants. Tim Burton est allé chercher des détails, des images, des mots (le Bandersnatch) dans les deux textes de Lewis Caroll.

 

Alors pourquoi suis-je sortie déçue, ennuyée d'être déçue, déçue de m'être ennuyée ? Deviendrais-je rabat-joie, voire snob avec l'âge, l'ai-je toujours été ? Ne répondez pas, merci.

 

Je m'attendais en fait à ce que Tim Burton entraîne Alice vers davantage de noirceur, vers ce ricanement que j'aime chez lui, depuis les impayables martiens de Mars Attacks jusqu'aux glaçantes Noces funèbres. Et dans l'univers d'Alice, il y avait de quoi faire ! Du noir, du cauchemardesque, de l'oppressant...

 

Et puis le scénario... On connaît Alice par Reine de coeur.

Ou du moins, on connaît le dessin animé de Walt Disney...

 

 

(just for my very dear friend Karen B.)

Pourquoi Tim Burton nous entraîne-t-il du côté de l'héroïc fantasy... Le combat d'Alice est inspiré du dessin de John Tenniel, qui illustra l'édition originale, si je ne me trompe:
jabberwock013.jpg
L'épée vorpaline ("He took his vorpal sword in hand...") devient une sorte d'Excalibur bien briquée et rien ne nous est plus alors épargné, jusqu'au combat dans la tour en ruines, avec montée et descente d'escalier, le classique... Et le premier quart d'heure... Je passe, tellement c'est curieux de trouver ça là.
Intriguée par l'intrigue (!), j'ai tiré de leur étagère, où ils dormaient côte à côte sous un peu de poussière (et alors?), une vieille édition d'Alice au pays des merveilles &  De l'autre côté du miroir en français, et son pendant en anglais. Oui, oui, lecteur fidèle, tu as bien lu, je me lance dans la VO, non sans appréhension, mais j'y vais !
Première difficulté pour moi, Lewis Caroll est un tritureur de la langue et moi, je ne sais pas faire la différence entre un mot anglais lewiscarollement bidouillé et un mot anglais que je ne comprends pas parce que je ne le connais pas... Exemple pour anglophone confirmé (voire natif):
"T'was brillig, and the slithy toves
Did gyre and gimble in the wabe:
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe."

Ah, les mome raths... Que nous retrouvons ici, d'ailleurs:
...où là, au deuxième plan ("Well, a rath is a sort of green pig: but mome I'm not certain about. I think it's short for from home - meaning that they'd lost their way, you know.")

mome-raths015.jpg
J'aime beaucoup cette illustration (toujours John Tenniel, 1865), un peu Jérôme Bosch, non ?
Vaguement perdue dans tout ça, j'ai adopté une lecture en double, jonglant d'un livre à l'autre, pas pratique quand on lit au lit (en fait, je viens d'inventer l'édition bilingue pour lecteur muni de plusieurs bras)...  Et je ne les ai plus lâchés, les deux, l'angliche et l'autre, ma béquille, ma roue de secours.
Cette lecture peut avoir l'effet d'un stage d'apnée, tant le texte est touffu, bavard (au bon sens du terme). Le rêve/cauchemar est là, sans queue ni tête, sans début ni fin, sans limites que celles du plateau d'un jeu d'échecs absurde et impitoyable ("Off with his head !"). Les gigots et les puddings parlent, les brebis tricotent au fond d'une obscure boutique où coule une rivière, les chevaliers tombent de leur cheval en déclamant des vers obscurs...
Alors, ne vous étonnez pas, les un(e)s & les autres, si un jour je vous salue d'un "You can't think how glad I am to see you again, you dear old thing !" (the Duchess to Alice), ce sera juste une reminiscence, l'envie parfois de passer de l'autre côté du miroir...J'en garde aussi la certitude qu'il faut croire au moins une fois par jour à quelque chose d'impossible, j'y travaille, j'y travaille...
"...when I was your age, [said the Queen], (...) sometimes, I've believed as many as six impossible things before breakfast."

"Dreaming as the days go by,
 Dreaming as the summers die:
 Ever drifting down the stream-
 Lingering in the golden gleam-
 Life, what is it but a dream ?"

http://idata.over-blog.com/2/99/28/34/divers/defi_classique.jpg
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moi en mieux

Publié le par Za

 

Je réponds ici-même et tout de suite au bel article de Christine qui m'a touchée, comme il touchera toutes les desperate(?)-house-working-mother-friend-girl-in-love...

 

Je réponds grâce à Clarika (que j'adore), une chanteuse toujours juste et drôle. "Moi en mieux", c'est celle qu'on tend toujours à être, à devenir, un moi-même hors de portée, idéal inatteignable et parfois pesant...

 

Je ne serai jamais Carrie Bradshaw, et de toute façon, elle existe même pas !

 

carrie_dog_cafe.jpg

 

 

 

 

 

"Moi en mieux

C'est être grande avec des cheveux qui descendent là, le long du creux, et retombent tout en bas du dos, en cascade et ça fait beau
C'est danser comme Shakira sur des textes de Barbara, belle mais super accessible, intelligente et sensible

Moi en mieux

C'est tout comprendre sans la ramener, avoir les codes pour décrypter, un avis enfin personnel, sur la Palestine, Israel
C'est aller à toutes les manifs, mais y rester jusqu'au bout, sans bifurquer au bout d'une heure au café pour boire un coup

Et je marche, solaire, sur la 5eme avenue, l'ombre des tours de verre m'adore et me salue


Moi en mieux, je suis ce super moi-même

Moi en mieux, est-ce que tu m'aimerais quand même ?


Moi en mieux

C'est des nuits douces sans la télé, à méditer sur le cosmos, à lire tout Brecht sans m'arrêter en suçant des mini-menthos,

C'est connaître le Palais de Tokyo mieux que les rayons du Printemps, faire haro sur la conso, réfléchir sur le néant

Moi en mieux, c'est adorer le temps qui passe, trouver que c'est trop cool de vieillir, que le sagesse devant la glace, c'est le meilleur des élixirs, ne plus avoir peur de mourir, c'est normal, c'est l'aboutissement,  et le meilleur reste à venir et ça, le penser, vraiment

Et les jolis sillons, qui poussent au creux des yeux sont des papillons qui exauceront nos voeux


 

Moi en mieux, je suis ce super moi-même

Moi en mieux, est-ce que tu m'aimerais quand même ?


Ne plus prendre deux bains par jour, bon, à la rigueur un parce que les douches, quand même...  et surtout l'hiver, c'est bof... arrêter d'acheter des mugs même quand il y a des super promos pendant les soldes, de toute façon, il y a plus de place dans les armoires, après il faudra acheter des armoires... et puis aussi appeler Maman plus souvent... être un peu plus patiente, vraiment... et puis tant qu'à faire écouter mes amis sur MySpace avant de les valider... et puis aussi ce type sur le quai du métro qui s'apprêtait à mourir sous dix coups de couteau portés par dix  mecs super méchants et costauds, eh bien le sauver, normal... et puis l'aimer, oh oui, cette petite mouche qui vole, ne pas lui écraser sa face, savoir faire preuve de tolérance...et cette copie de moi-même retouchée par Photoshop et Perfectshop et Robotcop et adoubée par les rois de la pop...

 

Moi en mieux, je suis ce super moi-même

Moi en mieux, est ce que tu m'aimerais quand même ?"

 


 

Publié dans in my heart

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la douane volante

Publié le par Za

Un titre mystérieux pour un livre qui ne l'est pas moins.

J'ai souvent beaucoup aimé les albums de François Place:

 


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http://ecx.images-amazon.com/images/I/51A4YWzDb2L._SS400_.jpg



http://ecx.images-amazon.com/images/I/51TT9G6BXvL._SS500_.jpgLà, c'est un roman qui nous attend.


http://ecx.images-amazon.com/images/I/512vBVmEpLL._SS500_.jpg

Le récit débute en Bretagne en 1914. Le personnage noir de la couverture, en décalage avec le début du récit et l'époque évoquée nous amène doucement vers des atmosphères de brumes, de pierre, d'eau, où la mer se confond avec les canaux. Car Gwen le Tousseux, le jeune héros de ce roman, semble avoir voyagé dans le temps, emporté par une sinistre charrette noire... Il croisera sur sa route des médecins, des voleurs,  un oiseau attachant et grotesque, des enfants semblant tout droits sortis d'un roman de Dickens et l'inquiétante,  l'omniprésente Douane volante...

 

Le style de François Place colle aux atmosphères froides et cotonneuses de son récit, atmosphères contrastant avec la violence des situations, des rapports humains, des personnages. Les phrases ciselées, polies,  soupesées, sont un vrai bonheur de lecture, dont on aimerait souligner et garder certains passages pour être sûr de pouvoir les relire plus tard:

 

" Long, long, très long voyage, et la voûte si près du crâne, la fatigue plaintive de l'essieu, le grincement des roues et le vacarme de leurs grands cercles de fer, les pas lourds du cheval, le bois qui gémit à chaque ressaut de la descente, et le noir absolu dans lequel tout cela se propage, et qui fait qu'on est soi-même pierre, sabot, bois, fer, et tête de douleur."

 

" On reprit notre lente glissade que la brume rendait fantomatique. La plate, dans ce grand silence ouaté, semblait flotter dans l'espace, appuyée sur son reflet."

 

"Si belles, si sages, toutes ces façades. Rien qu'à les regarder, je savais que je me cognerai contre."

 

J'ai lu après coup que François Place s'était inspiré d'un tableau du peintre Jan van Goyen.

http://www.essentialvermeer.com/dutch-painters/dutchimages_two/van_goyen_c.jpg


http://images.artnet.com/artwork_images_767_450160_janjosefszvan-goyen.jpg

 

Ces belles et inquiétantes façades de briques m'en ont rappelé d'autres, pas si lointaines dans le temps, si proches de mon coeur...

 

IMG_0396.JPG

 

"La douane volante" est publiée par Gallimard Jeunesse (à partir de 12/13 ans).

 

 

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la colère des aubergines

Publié le par Za

Ça, c'est du titre, du vrai, du beau !

 

Un recueil de nouvelles culinaro-familiales de l'auteure indienne Bulbul Charma.

 

boulghour-shawarma011.jpg

 

...nouvelles à picorer,

récits de famille autour de la table et des marmites,

mariages et voyages,

amours et rancunes (très Jane Austen, "amours et rancunes", non?),

des épices: curcuma, moutarde, cardamome, cumin, cannelle, girofle,

gingembre, coriandre, carvi, fenugrec,

des plats épicés, épicés,

des montagnes de légumes,

et quelques pommes de terre,

du craquant, du fondant,

beaucoup de sucre,

et du gras, du gras...

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51R0SFK438L._SS500_.jpg

 

Chaque nouvelle se termine par les recettes des mets évoqués. Les histoires sont cocasses, mélancoliques, tendres, tristes, parfois tout à la fois.

 

Extrait de la nouvelle "La Colère des aubergines", parlant de M. et Mme Kumar:

" Ils avaient engendré un fils dont la conception les perturba et les stupéfia tous deux à tel point qu'ils ne renouvelèrent jamais l'expérience.

Le fils grandit dans la chaleur et la confusion des deux familles étendues sans distinguer son père des autres hommes de la maisonnée. Jusqu'à l'âge de dix-huit ans, il vécut avec l'impression que son oncle préféré était l'auteur de ses jours. Quand il se rendit compte que c'était en fait M. Kumar, il fut si abasourdi qu'il s'enfuit de la maison familiale. On le retrouva quelques jours plus tard, et avant qu'il ne s'avisât de commettre un nouvel acte radical, son grand-père le maria à une jeune fille de bonne famille, généreusement dotée. Mme Kumar n'avait pas voix au chapitre. M. Kumar non plus."

 

Bulbul Sharma est également l'auteur de "Mes sacrées tantes", toujours chez Picquier.


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d'autres collages

Publié le par Za

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Publié dans bidouilles

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parler des livres

Publié le par Za

"Après le plaisir de posséder des livres, il n'y en a guère de plus doux que d'en parler. "
Charles Nodier, 1780-1844

N'est-ce pas,  Christine ?  Isn't it, Karen B. ?
Qu'y a-t-il en effet de plus agréable que de partager ses enthousiasmes, déceptions, énervements, souvenirs de lecture, rencontres de lecteurs, amitiés et connivences livresques... Pour ce qui est des déceptions ou des énervements, vous n'en verrez pas trace ici. Les livres qui me tombent des mains finissent dans le carton "à donner" et ciao!

Avant de m'attaquer aux Trois Mousquetaires & profitant des vacances puis d'un climat qui ne vous laisse guère qu'un choix: lire, j'ai fait la connaissance de Bartleby ("Herman Melville est un dieu" - Maurice Sendak). Un être énigmatique et minéral, qui vous laisse d'abord perplexe, puis vous angoisse un brin, avant de finalement vous hanter un chouïa, lui et  son "I would prefer not to", longtemps après avoir refermé le livre (belle édition d'ailleurs, Allia).

"I would prefer not to"... L'angoisse du traducteur...


bartleby003.jpg

Mais revenons à nos mousquetaires. Voici donc que je quitte à regrets Portos, Aramis et Athos. Surtout Athos... Pas d'Artagnan. N'en déplaise aux béarnophiles et vu de mes yeux anachroniques de femme du XXIème siècle (si, si, j'ai des yeux anachroniques ! Je suis sûre que personne ne l'avait remarqué et ça me vexe un peu...), ce d'Artagnan, quel mufle ! Un peu cornichon aussi, non ? Alors qu'Athos... Quelle classe... Même si, comme me l'a fait remarquer un ami cher et lecteur invétéré, "qu'est-ce qu'il picole !" J'en conviens.

 

Parler des livres... Que dire des Trois Mousquetaires ? Tout a été dit. Tu as raison Christine, il y a tout là-dedans: amour, humour, aventure, suspens... Ah, la fin de Milady... Quelle femme, cette Milady ! Et le dîner chez la maîtresse de Porthos... Le Cardinal...

Il y a, dans un coin du livre, une fable délicieuse à mes yeux anachroniques etc, etc...La voici:


"- Comme c'était au temps des guerres des catholiques contre les huguenots, et que [mon père] voyait les catholiques exterminer les huguenots et les huguenots exterminer les catholiques, le tout au nom de la religion, il s'était fait une croyance mixte, ce qui lui permettait d'être tantôt catholique, tantôt huguenot. Or, il se promenait habituellement, son escopette sur l'épaule, derrière les haies qui bordent les chemins, et quand il voyait venir un catholique seul, la religion protestante l'emportait aussitôt dans son esprit. Il abaissait son escopette dans la direction du voyageur; puis lorsqu'il était à dix pas de lui, il entamait un dialogue qui finissait toujours par l'abandon que le voyageur faisait de sa bourse pour sauver sa vie. Il va sans dire que lorsqu'il voyait venir un huguenot, il se sentait pris d'un zèle catholique si ardent, qu'il ne comprenait pas comment, un quart d'heure auparavant, il avait pu avoir des doutes sur la supériorité de notre sainte religion. Car moi, Monsieur, je suis catholique, mon père, fidèle à ses principes ayant fait mon frère aîné huguenot.
- Et comment a fini ce digne homme ? demanda d'Artagnan.
- Oh ! de la façon la plus malheureuse, Monsieur. Un jour, il s'était trouvé pris dans un chemin creux entre un huguenot et un catholique à qui il avait déjà eu affaire, et qui le reconnurent tous deux; de sorte qu'ils se réunirent contre lui et le pendirent à un arbre; puis ils vinrent se vanter de la belle équipée dans le cabaret du premier village où nous étions à boire, mon frère et moi.
- Et que fîtes-vous ? dit d'Artagnan.
- Nous les laissâmes dire, reprit Mousqueton. Puis, comme, en sortant de ce cabaret, ils prenaient chacun une route opposée, mon frère alla s'embusquer sur le chemin du catholique, et moi sur celui du protestant. Deux heures après, tout était fini, nous leur avions fait à chacun son affaire, tout en admirant la prévoyance de notre pauvre père qui avait pris la précaution de nous élever chacun dans une religion différente."




J'ai rejoint le défi:

et puis aussi celui-là:
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a witch !

Publié le par Za

Et voici un enfoncement de porte ouverte. Et largement ouverte même !

Aimer Roald Dahl n'est pas très original. Mais s'y plonger, y replonger est toujours un vrai moment de gourmandise. Après Fantastic Mr Fox, nous voici aux prises de redoutables Sorcières, horrifiquement illustrées par Quentin Blake (vrai génie à mon sens).

Mon moment préféré, un pur délice, se trouve page 11, alors que je lis, sans ciller, sans quitter le texte des yeux, en détachant chaque mot, d'une voix juste un petit peu plus grave, le passage suivant:


"Maintenant, vous savez que votre voisine de palier peut être une sorcière.
Ou bien la dame aux yeux brillants, assise en face de vous dans le bus, ce matin.
Ou cette femme au sourire éblouissant qui vous a offert un bonbon, au retour de l'école.
Ou encore (et ceci va vous faire sursauter !) votre charmante institutrice qui vous lit ce passage en ce moment même. Regardez-la attentivement. Elle sourit sûrement, comme si c'était absurde. Mais ne vous laissez pas embobiner. Elle est très habile.
Je ne suis pas, bien sûr, mais pas du tout, en train d'affirmer que votre maîtresse est une sorcière. Tout ce que je dis, c'est qu'elle est peut en être une. Incroyable ? ... mais pas impossible !"


Et là, je lève les yeux du livre et je remercie intérieurement Roald Dahl.
Merci.
Merci pour ces bouilles:

bouilles002.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans romans, Roald Dahl

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le nouveau cabas de Za

Publié le par Za

J'ai un nouveau cabas, il est trop beau !

cabas-salon-agr1005-copie-1.jpg

Vous remarquerez que la mascotte de cette année est une superbe Salers (qui répond au céleste nom d'Aïda, s'il vous plait) ! Eh oui, un samedi au Salon de l'Agriculture, pour la plus grande joie du petit et des grands. Des vaches, des vaches, des vaches.... Des limousines qui forcent le respect, un taureau Salers à qui on donne du "Messire" sans lui faire remarquer son haleine toute... agricole (?), de vilaines Holstein, des Aubrac de concours...

Des moutons, des moutons, des moutons... Des très moches, mais aussi des Suffolk magnifiques, des Hampshire avec leur cagoule, des Manech à tête noire... J'étale ma science récente, mais celui-là, outre une allure assez cocasse, genre gros tas de laine dont dépassent quatre maigres pattes noires & une paire de cornes phénoménales, fournit le lait utilisé pour l'Ossau-Iraty, ce qui n'est pas rien !
 
Et des chèvres, des cochons, des chevaux (des Boulonnais beaucoup moins spectaculaires que ceux du concours d'Arnèke, Nord), des ânes... et du saucisson basque !

Bref, j'ai tout de même trouvé le moyen de m'acheter un livre de cuisine. Le premier qui rit en lisant le titre est immédiatement désabonné de ce blog... Ce sont des recettes collectées et mises en forme par Sonia Ezgulian, pour les éditions Stéphane Bachès. Je vais devenir une pro du pounti !!



http://www.editionstephanebaches.com/IMG/arton175.jpg

Tout ça m'a rappelé un album que nous aimons beaucoup, un histoire de bestioles, mais en liberté, celles-là:

cornillon002.jpg

Cornillon est un bouquetin qui a le vertige. Sa vie est un enfer, jusqu'au jour où il rencontre Tricotin, un agneau aventureux qui, lui, ne rêve que de sommets. Les dessins de Lynne Chapman sont très drôles, et l'histoire se termine forcément très bien, entre cimes et vallées. Je ne résiste pas à vous montrer l'illustration de la quatrième de couverture dont, évidemment, j'ai adopté le personnage central:

cornilloncouv001(éditions Gautier-Languereau)

Publié dans albums

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